mardi 3 janvier 2012

A Dangerous Method

   
   Après A History of Violence en 2005 et Les Promesses de l'Ombre en 2007, David Cronenberg revient pour la troisième fois consécutive en collaboration avec son acteur fétiche Viggo Mortensen.
     Adapté de la pièce de théâtre de Christopher Hampton (scénariste du film), A Dangerous Method a failli donner la fessée à ses concurrents lors de la 68ème édition de la Mostra de Venise en septembre dernier. Cronenberg y a été nominé pour le Lion d'or ainsi que pour le prix FIPRESCI et le prix spécial du jury.
     Avec un casting impeccable réunissant Viggo Mortensen, Michael Fassbender, Keira Knightley et Vincent Cassel, A Dangerous Method nous propose de découvrir une certaine vision des débuts de la psychanalyse à travers la relation établie entre trois personnages fondateurs de la discipline. Le professeur Sigmund Freud, Carl Gustav Jung et Sabina Speilrein qui agit chez Cronenberg comme la clé de voûte d'où surgit tout le drame.
     Sabina Speilrein est une jeune femme de 19 ans tout droit venue d'une famille juive de Russie. Elle est admise à la clinique du Burghölzli après avoir été diagnostiquée comme souffrante d'hystérie. C'est lors de ce séjour en asile qu'elle fait la rencontre du professeur Jung qui devient son premier psychanalyste.
     Au cours de sa thérapie, les démons de Sabina se libèrent. Ses pulsions de mort (Thanatos) vont lentement mais sûrement déstabiliser toute la déontologie de Jung, qui va bientôt partager les perversions sadomasochistes de sa patiente, qui devient alors sa maîtresse.
     Entre Jung qui vit à Zurich et Freud le grand psychanalyste viennois, une complicité se tisse. Mais les nombreux différents qui animent les discussions des deux scientifiques vont rapidement détruire la relation. Entre Jung pour lequel rien n'est dû au hasard et Freud, la figure paternelle pour qui toute névrose doit être expliquée par la sexualité, la rupture est validée et vérifiée lorsque la patiente change de main. En effet, Sabina devient la nouvelle disciple de Freud après avoir assisté Jung dans ses travaux expérimentaux.

     Les freudiens purs et durs seront sûrement repoussés par la tranquillité et la lucidité monstrueuses du film. Les psychanalystes quant à eux seront peut-être ennuyés par le récit historique élipsé à l’excès. Mais pour ces derniers comme pour tous les autres, la photographie élégante et solaire qui découvre et illumine la psychanalyse du début du XXème siècle dans son contexte, ainsi que l’interprétation quasi parfaite des acteurs plongés dans le réalisme détaillé des décors, sauront accrocher le spectateur.

     Comme à chaque nouveau film du réalisateur canadien, on ne reconnaît rien et on découvre quelque chose de nouveau. Cronenberg a cette capacité à se réinventer en permanence. Il signe ici par exemple son premier film en costume. Mais, si changement de style il y a, les obsessions, les sentiments et les intérêts du cinéaste restent les mêmes. Avec A Dangerous Method, il ne torture plus la chair et la peau de ses personnages comme il a pu le faire dans La Mouche ; film cronenbergien par excellence. Il va au contraire enfermer ses personnages dans des gaines corporelles, et faire exploser leurs esprits et leurs cerveaux pour montrer comment les pensées qui y naissent vont se répercuter physiquement, comment elles vont à la rencontre des corps. A plusieurs niveau, l'action passe essentiellement par le langage. Ce n'est plus le corps transformé qui perturbe le psychique mais bel et bien la pensée et la parole qui crispent les corps.
  

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