mercredi 11 avril 2012

Winter's Bone Bande-annonce

http://www.youtube.com/watch?v=5O8F8JtSVmI

Winter's Bone




Grand Prix du Jury au festival de Sundance en 2010, Winter's Bone de Debra Granik, adapté du roman éponyme de Daniel Woodrell, est un portrait noir et glacé de l’Amérique profonde, cette histoire emprunte autant au western qu'au conte.

Si le récit du film reste suffisamment simple, la manière de le traiter est beaucoup plus complexe. Un chef d'œuvre du cinéma indépendant américain.
Ree Dolly a 17 ans et doit s'occuper de son frère, sa sœur et de sa mère malade tout en tenant une petite maison perdue dans la forêt des Ozarks au fin fond du Missouri. Quand son père sort de prison, disparaît et omet de se présenter à son jugement, la jeune femme doit le retrouver, mort ou vif, pour sauver la maison familiale mise sous caution. Débute alors une quête vitale et désespérée à la rencontre des habitants violents et dégénérés qui peuplent ces forêts. Mais Ree n'a qu'une idée en tête: sauver sa famille. A tout prix.
Le film dépasse rapidement l’image qu'on pourra s'en faire à priori. Il parvient à dresser un portrait, beau, intense, complexe et froid d'un monde où il faut comprendre au-delà des mots et voir au-delà des secrets honteux cachés par les "Hillbillies" (péquenauds).
Si les personnages font peur, la Nature dans laquelle ils évoluent semble d'autant plus impitoyable. En constante lamentation, elle murmure sa force et sa spiritualité à chaque plan et instaure un univers anxiogène omniprésent.
Winter's Bone est aussi un conte cruel et humain qui oppose violemment deux mondes. Celui de l'enfance, tout en apesanteur, peuplé de gamins toujours accompagnés de leurs petits animaux, avec celui des adultes, et leurs violences, leurs mensonges, leurs drogues. Et Ree incarne la frontière qui sépare ces deux mondes.
Granik signe ici une œuvre prenante, impalpable et à forte dimension sociale en utilisant, pour le montrer, une photographie crépusculaire qui renforce ce sentiment froid et stérile.

On notera aussi trois performances remarquables par leur justesse et leur force. Celle de Jennifer Lawrence, dans la peau de Ree Dolly, présente à chaque plan et qui porte le film, magnifique. Elle a été nominée pour l'Oscar de la meilleure actrice dans ce rôle en 2011. John Hawkes, incroyable et méconnaissable dans le rôle de Teardrop, l'oncle camé de Ree, et enfin Dale Dickey qui incarne la dérangeante Merab. Tous deux furent récompensés en 2011, par le prix du festival Independent Spirit du meilleur acteur et meilleure actrice dans un second rôle.

jeudi 5 avril 2012

Les Adieux à la reine



Si le Marie-Antoinette de Sofia Coppola devait avoir une suite, ce serait Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot. Tout comme le portrait très rock et acidulé de Coppola, on retiendra de celui de Jacquot la modernité des propos, ou comment quand le pouvoir s'évanoui il ne laisse derrière lui que des coquilles vides, des âmes errantes.

Après A tout de suite en 2004 et Villa Amalia, adapté du roman de Pascal Quignard, en 2009, Benoît Jacquot revient, pour son vingtième long-métrage, entouré d'un casting royal, avec Les Adieux à la reine.
L'histoire se déroule à l'aube de la Révolution française, entre le 14 et le 17 juillet 1789, où Versailles, malgré le grondement qui résonne à Paris, tente de continué à vivre dans l'insouciance et la frivolité. Mais même si Jacquot parvient à rendre présente et nerveuse la Révolution, que l'on sent planer, en hors-champ, au dessus des têtes, ce n'est pas tant cette tension qu'il veut représenter, que la liberté. La liberté d'affronter son destin ou de le fuir, la liberté d'aimer envers et contre tout.

Dans ce film qui a tout du marivaudage, on suit la jeune Sidonie Laborde, interprétée par la magnifique Léa Seydoux, liseuse de la reine et fascinée par elle. Sidonie est prête à tout pour passer quelques instants auprès de sa souveraine et prête à tout pour elle. Se croyant invulnérable sous ses ordres, elle ne sait pas encore que ce seront les derniers jours qu'elles passeront l'une avec l'autre.
De son côté, Marie-Antoinette, interprétée par Diane Kruger, dans son meilleur rôle, où elle a su pousser les tendances cyclothymiques de son personnages à leur paroxysme, est prête à perdre sa tête pour assurer la sécurité de sa "douce amie" Gabrielle de Polignac, incarnée par la jamais aussi belle Virginie Ledoyen.

Les liens de ce triangle amoureux qui se tendent et se défont aussi bien que la caméra à l'épaule du réalisateur qui zoom et s'éloigne, parallèlement aux sentiments de ses personnages, sont ce qu'on trouve de mieux dans ce film. A voir absolument, même si ce n'est que pour admirer ces trois actrices qui nous plongent dans le monde, et ses coulisses, du Versailles de l'époque.

jeudi 15 mars 2012

On the Road




On l’attendait depuis un petit moment déjà, Francis Ford Coppola en possède les droits depuis 1968, mais c'est seulement en mai prochain que nous pourrons voir à l'écran l'adaptation du plus célèbre roman de Jack Kerouac, inspiré de sa vie, On the Road. Et comme ci cela ne suffisait pas, c'est Walter Salles, réalisateur de l'époustouflant Diarios de Motocicleta qui tient les rênes.

On the Road raconte l'histoire de Sal Paradise, jeune écrivain new-yorkais, qui après la récente mort de son père, décide de prendre la route et de voyager à travers les Etats-Unis, à la conquête de l'ouest. Ex-taulard hyperactif et déjanté, Dean Moriarty rêve de devenir un écrivain lui aussi, mais il deviendra surtout le compagnon de route de Sal. Entre ces deux-là, une amitié et une complicité inaliénable se tisse, ils se jurent de ne pas se laisser enfermer dans cette vie trop étriquée que leur offre la société américaine du début des années 50. Ils partent alors accompagnés de Marylou, la femme de Dean, et assoiffés de liberté, à la rencontre d'un nouveau monde, de nouvelles personnalités, à la rencontre d'eux mêmes.

La drogue, le sexe, la fureur de vivre, la vitesse et la liberté sont leurs principaux moteurs vers de nouvelles expériences. Et cela résume tout à fait la vie de Jack Kerouac (1922-1969), écrivain phare de la "Beat-Generation" américaine, totalement libérée du carcan des influences européennes de l'époque.

Dans les rôles principaux, on retrouve de jeunes acteurs comme Sam Riley (Control) dans le rôle de Sal Paradise, Garrett Hedlund (Tron: Legacy) dans celui de Dean Moriarty et enfin Kristen Stewart (Twilight) qui interprète le rôle de Marylou. On retrouve également Viggo Mortensen et Kirsten Dunst dans ce road-movie qui promet un voyage envoûtant à travers les villes et les prairies américaines.

Le film ne sort que dans quelques mois, ce qui laisse le temps de plonger ou replonger dans le roman de Jack Kerouac. Donc en attendant le mois de mai, lors duquel je ne manquerai pas de vous reparler du film, bonne lecture à tous!

mardi 3 janvier 2012

A Dangerous Method

   
   Après A History of Violence en 2005 et Les Promesses de l'Ombre en 2007, David Cronenberg revient pour la troisième fois consécutive en collaboration avec son acteur fétiche Viggo Mortensen.
     Adapté de la pièce de théâtre de Christopher Hampton (scénariste du film), A Dangerous Method a failli donner la fessée à ses concurrents lors de la 68ème édition de la Mostra de Venise en septembre dernier. Cronenberg y a été nominé pour le Lion d'or ainsi que pour le prix FIPRESCI et le prix spécial du jury.
     Avec un casting impeccable réunissant Viggo Mortensen, Michael Fassbender, Keira Knightley et Vincent Cassel, A Dangerous Method nous propose de découvrir une certaine vision des débuts de la psychanalyse à travers la relation établie entre trois personnages fondateurs de la discipline. Le professeur Sigmund Freud, Carl Gustav Jung et Sabina Speilrein qui agit chez Cronenberg comme la clé de voûte d'où surgit tout le drame.
     Sabina Speilrein est une jeune femme de 19 ans tout droit venue d'une famille juive de Russie. Elle est admise à la clinique du Burghölzli après avoir été diagnostiquée comme souffrante d'hystérie. C'est lors de ce séjour en asile qu'elle fait la rencontre du professeur Jung qui devient son premier psychanalyste.
     Au cours de sa thérapie, les démons de Sabina se libèrent. Ses pulsions de mort (Thanatos) vont lentement mais sûrement déstabiliser toute la déontologie de Jung, qui va bientôt partager les perversions sadomasochistes de sa patiente, qui devient alors sa maîtresse.
     Entre Jung qui vit à Zurich et Freud le grand psychanalyste viennois, une complicité se tisse. Mais les nombreux différents qui animent les discussions des deux scientifiques vont rapidement détruire la relation. Entre Jung pour lequel rien n'est dû au hasard et Freud, la figure paternelle pour qui toute névrose doit être expliquée par la sexualité, la rupture est validée et vérifiée lorsque la patiente change de main. En effet, Sabina devient la nouvelle disciple de Freud après avoir assisté Jung dans ses travaux expérimentaux.

     Les freudiens purs et durs seront sûrement repoussés par la tranquillité et la lucidité monstrueuses du film. Les psychanalystes quant à eux seront peut-être ennuyés par le récit historique élipsé à l’excès. Mais pour ces derniers comme pour tous les autres, la photographie élégante et solaire qui découvre et illumine la psychanalyse du début du XXème siècle dans son contexte, ainsi que l’interprétation quasi parfaite des acteurs plongés dans le réalisme détaillé des décors, sauront accrocher le spectateur.

     Comme à chaque nouveau film du réalisateur canadien, on ne reconnaît rien et on découvre quelque chose de nouveau. Cronenberg a cette capacité à se réinventer en permanence. Il signe ici par exemple son premier film en costume. Mais, si changement de style il y a, les obsessions, les sentiments et les intérêts du cinéaste restent les mêmes. Avec A Dangerous Method, il ne torture plus la chair et la peau de ses personnages comme il a pu le faire dans La Mouche ; film cronenbergien par excellence. Il va au contraire enfermer ses personnages dans des gaines corporelles, et faire exploser leurs esprits et leurs cerveaux pour montrer comment les pensées qui y naissent vont se répercuter physiquement, comment elles vont à la rencontre des corps. A plusieurs niveau, l'action passe essentiellement par le langage. Ce n'est plus le corps transformé qui perturbe le psychique mais bel et bien la pensée et la parole qui crispent les corps.
  

Le TOP de 2011: récapitulatif de l'année tout juste terminée

Les premiers jours de l'année sont l'occasion de revenir sur tous les films qui ont brillé dans les salles obscures en 2011.
Tout le monde s'accorde à dire que 2011 fut un des meilleurs crus depuis le début des années 2000 en ce qui concerne le septième art.
A travers différents TOP 10 et après délibération, je vous donnerai le meilleur de ce qu'il ne fallait pas manquer en 2011 selon Critikophilm.

TOP 10 du Box-Office:

1. Intouchables avec 16 668 475 entrées.
Grand gagnant en 2011 aux yeux des spectateurs, le film de Olivier Nakache et Eric Toledano emporte tout sur son passage. "Intouchables", avec aujourd'hui plus de 16 000 000 d'entrées, est incontestablement numéro 1 du Box Office français et Omar Sy devient la troisième personnalité préférée des français.

2. Rien à déclarer avec 8 150 825 entrées.

3. Harry Potter et les Reliques de la Mort. Deuxième Partie avec 6 512 424 entrées.

4. Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne avec 5 305 70 entrées.
Il fallait y penser et c'est évidement Steven Spielberg qui a eu l'idée d'adapter en 3D les aventures du reporter le plus apprécié de France. Avec un budget pharaonique de 135 million de dollars, le Secret de la Licorne accède à une confortable quatrième place au Box Office français de 2011.

5. Pirates des Caraïbes: la Fontaine de Jouvence avec 4 751 561 entrées.
Jack Sparrow est de retour sur les mers du monde pour la quatrième fois et offre à "the Walt Disney Compagny" la cinquième place du Box Office.

6. Twilight- Chapitre 4 avec 3 583 867 entrées.

7. La Planète des Singes: Les Origines avec 3 240 118 entrées.
On ne s'attendait pas à voir grimper "Caesar" si haut dans la fréquentations des salles françaises. La Planète des Singes est la bonne surprise de 2011 puisque en plus d'avoir attiré plus de 3 millions de spectateurs, il a aussi été salué par la critique.

8. Le Chat Potté avec 3 025 109 entrées.

9. Le Discours d'un Roi avec 3 024 322 entrées.
Avec pas moins de quatre Oscars à l'Academy Awards de 2011, Le Discours d'un Roi reste dans le TOP 10 et est un des films les plus inoubliables de l' année.

10. Cars 2 avec 2 970 354 entrées.


TOP 10 du côté de la critique.

Les films les plus appréciés de la presse sont bien différents de ceux aimés par le public. On y jette un coup d'oeil.

1. The Tree of Life de Terrence Malick est le film mémorable de 2011, il revient dans tous les classements des films préférés de la presse.

2. Melancholia de Lars Von Trier.
Le scandale "Von Trier" du dernier festival de Cannes n’empêche en rien la reconnaissance des journalistes pour ce film apocalyptique le plus sidérant et poétique de 2011.

3. Black Swan de Darren Aronofsky.
le début de l'année a fortement été marqué par la dualité étrange qui suinte de "Black Swan". Entre ombre et lumière, une étoile est née.

4. Drive de Nicolas Winding Refn.
Au son de "Nightcall" de Kavinsky et celui des turbos des bolides, on se souvient tous du scorpion brodé dans le dos de Ryan Gosling.

5. Essential Killing de Jerzy Skolimowski.

6. Donoma de Djinn Carrénard.
Carrénard, maître du film "low cost" nous offre un film magistral, mistral de fraîcheur sur le cinéma français. Un film brut et complexe de 2h15 pour un budget de 150€.

7. La Piel que Habito de Pedro Almodovar.
Reparti les mians quasiment vides de Cannes, Almodovar obtient tout de même une belle reconnaissance de la part de la presse qui qualifie son film comme "fascinant", "renversant", "sombre" et "lumineux", "glaçant"...un frisson de plaisir.

8. Le Cheval de Turin de Bela Tarr.
Sorti à la fin du mois de novembre et avec le trop peu de copies distribuées en France, le film de Bela Tarr a failli passer inaperçu. Mais, au contraire, le film surprend et séduit la critique par l’expérience unique qu'il offre.

9. Polisse de Maïwenn.
Après "Le Bal des Actrices" et "Pardonnez-moi", Maïwenn revient avec "Polisse" et signe ici un film coup de poing et coup de coeur à voir absolument.

10. L'Apollonide- Souvenir de la Maison Close de Bertrand Bonello.
Un film libre sur la vie des bordels à l'aube du XXème siècle. Servit par une tripoté d'actrices toutes plus extraordinaires les unes que les autres.


TOP 10 dans les festivals.

1. Le Discours d'un Roi de Tom Hooper.
Le film remporte, loin devant tous les autres, quatre Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur acteur.

2. The Ghost Writer de Roman Polanski.
Les réalisateurs sulfureux et dérangeants ont de beaux jours devant eux puisque en 2011, le film de Polanski, à peine libéré, remporte pas moins de quatorze prix dont le César du meilleur réalisateur.

3. The Tree of Life de Terrence Malick.
Le film obtient la "Palme d'Or" à Cannes en plus de cinq autres prix.

4. Le gamin au Vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne.
Déjà bine habitués aux récompenses, les frères Dardenne obtiennent cette année le "Grand Prix" à la 64ème édition du festival de Cannes.

5. The Artist de Michel Hazavanicius.
Le film muet reçoit onze prix au cours de différents festivals dont 4 pour le meilleur film et 1 prix  d’interprétation masculine pour Jean Dujardin.

6. Melancholia de Lars Von Trier.
Salué par la critique, lars Von Trier n' a pas été la personnalité la plus populaire des festivals en 2011. Si lui a été sanctionné au festival de Cannes et déclaré "persona non grata" pour ses propos qualifiés comme intolérables, l'actrice principale de "Melancholia", Kirsten Dunst reçoit quant à elle le prix d’interprétation féminine.

7. Polisse de Maïwenn.
Le film reçoit le "Prix du Jury" à Cannes ainsi que 3 autres prix dans d'autres festivals.

8. Faust de Nicolas Joël.

9. Shame de Steve McQueen.
Après 16 nominations, "Shame" reçoit 2 prix qui félicitent Michael Fassbender pour son interprétation dans le  rôle de Brandon, un homme qui se perd face à ses addictions sexuelles.

10. Le Havre de Aki Kaurismaki.
"Le Havre" reçoit le prix Louis Delluc pour cette ode à la liberté et à la fraternité.


TOP 10 de Critikophilm.
Afin de récapituler tout ça, Critikophilm vous donne maintenant sa propre sélection des films qui ont marqués 2011.

1. Melancholia de Lars Von Trier.
2. Black Swan de Darren Aronofsky.
3. The Tree of Life de Terrence Malick.
4. Polisse De Maiwenn.
5. Drive de Nicolas Winding Fern.
6. The Artist de Michel Hazavanicius.
7. Le Discours d'un Roi de Tom Hooper.
8. A Dangerous Method de David Cronenberg.
9. Carnage de Roman Polanski.
10. La Piel que Habito de Pedro Almodovar.