mercredi 11 avril 2012

Winter's Bone




Grand Prix du Jury au festival de Sundance en 2010, Winter's Bone de Debra Granik, adapté du roman éponyme de Daniel Woodrell, est un portrait noir et glacé de l’Amérique profonde, cette histoire emprunte autant au western qu'au conte.

Si le récit du film reste suffisamment simple, la manière de le traiter est beaucoup plus complexe. Un chef d'œuvre du cinéma indépendant américain.
Ree Dolly a 17 ans et doit s'occuper de son frère, sa sœur et de sa mère malade tout en tenant une petite maison perdue dans la forêt des Ozarks au fin fond du Missouri. Quand son père sort de prison, disparaît et omet de se présenter à son jugement, la jeune femme doit le retrouver, mort ou vif, pour sauver la maison familiale mise sous caution. Débute alors une quête vitale et désespérée à la rencontre des habitants violents et dégénérés qui peuplent ces forêts. Mais Ree n'a qu'une idée en tête: sauver sa famille. A tout prix.
Le film dépasse rapidement l’image qu'on pourra s'en faire à priori. Il parvient à dresser un portrait, beau, intense, complexe et froid d'un monde où il faut comprendre au-delà des mots et voir au-delà des secrets honteux cachés par les "Hillbillies" (péquenauds).
Si les personnages font peur, la Nature dans laquelle ils évoluent semble d'autant plus impitoyable. En constante lamentation, elle murmure sa force et sa spiritualité à chaque plan et instaure un univers anxiogène omniprésent.
Winter's Bone est aussi un conte cruel et humain qui oppose violemment deux mondes. Celui de l'enfance, tout en apesanteur, peuplé de gamins toujours accompagnés de leurs petits animaux, avec celui des adultes, et leurs violences, leurs mensonges, leurs drogues. Et Ree incarne la frontière qui sépare ces deux mondes.
Granik signe ici une œuvre prenante, impalpable et à forte dimension sociale en utilisant, pour le montrer, une photographie crépusculaire qui renforce ce sentiment froid et stérile.

On notera aussi trois performances remarquables par leur justesse et leur force. Celle de Jennifer Lawrence, dans la peau de Ree Dolly, présente à chaque plan et qui porte le film, magnifique. Elle a été nominée pour l'Oscar de la meilleure actrice dans ce rôle en 2011. John Hawkes, incroyable et méconnaissable dans le rôle de Teardrop, l'oncle camé de Ree, et enfin Dale Dickey qui incarne la dérangeante Merab. Tous deux furent récompensés en 2011, par le prix du festival Independent Spirit du meilleur acteur et meilleure actrice dans un second rôle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire